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leniod
Ayant dénoncé les dysfonctionnements et la flamandisation de l'institution (notamment l'engagement comme programmateur d'un ancien employé de banque flamand, après qu'ils ont fait passer son collègue pour un « Wallon » sous le prétexte que son père habitait en Wallonie), j'ai été expulsé de l'institution par son « conservateur », un forestier flamand, « forcément flamand » aurait ajouté Marguerite Duras.
Voici le commentaire qui a servi de motivation aux flamingants pour m'empêcher l'accès au patrimoine cinématographique national :
« Il serait bénéfique qu'il y ait un audit à la Cinémathèque, qu'un spécialiste extérieur effectue une analyse approfondie sur l'évolution de l'institution subventionnée et son personnel.
Aujourd'hui, elle est gérée comme une pizzeria familiale. On prétend qu'il n'y a pas assez d'argent pour organiser des rétrospectives et échanger des copies avec d'autres cinémathèques, mais on emploie deux salariés pour vendre et scanner des tickets, à l'heure de la numérisation et de la disparition des guichets.
On prétend que ces préposés sont aussi présents pour renseigner les visiteurs, mais ils n'ont pourtant aucune qualification particulière. Au contraire, avec le temps (certains effectuent ce "job d'étudiant" depuis 25 ans), ils s'approprient le lieu et pourrissent l'ambiance. Des cinéphiles ont fui à cause de leurs médisances. De surcroît, ils laissent faire les fâcheux, mangeurs de pop-corn et autres pénibles... Avec qui ils bavardent longuement comme au café du commerce.
Une boîte à livres, destinée à distribuer aux cinéphiles les doubles de la bibliothèque, est détournée par le personnel d'accueil (notamment le petit frisé qui réserve, met de côté pour ses amis, les bouquins les plus intéressants.)
Alors que l'on attend depuis des lustres des œuvres essentielles de grands maîtres comme Mario Bava ou des Robert Bresson ou Jean-Luc Godard devenus invisibles à Bxl, les programmateurs (ni spécialistes, ni cinéphiles passionnés) sélectionnent leurs amis (Jean-Philippe Dauphin, Lucile Desamory, l'intégrale complète des Straub dans la grande salle vide, devant cinq spectateurs payants et éveillés etc.)
De plus, il est indigne pour une cinémathèque nationale de projeter des Blu-ray du commerce, plutôt qu'une copie adaptée aux salles de cinéma. Espérer que le spectateur ne le remarquera pas est un manque de respect pour lui (et pour le cinéaste.)
Et je précise qu'il ne s'agit pas de films rares, mais de classiques qui ont bénéficié ces dernières années de nouvelles sorties en salles, notamment en France. Est-ce trop compliqué de montrer une copie adaptée à un écran de cinéma ?
Les employés ne voient-ils pas la différence ? Sur quels critères ont-ils été sélectionnés ? Par qui ?
Le plus triste est de constater que la collection de milliers de films (de tous les genres, y compris les cinémas populaires), récoltés par Jacques Ledoux pendant des décennies, reste très majoritairement invisible. Cet héritage patrimonial n'est pas suffisamment mis en valeur. La Cinémathèque montre, en boucle, toujours la même partie émergée de l'iceberg.
On se demande vraiment comment cette institution nationale, à la dérive, dépense ses subventions annuelles de plusieurs millions d'euros.
Le personnel de la CINEMATEK est très très majoritairement flamand, ce qui peut sembler étonnant dans le cadre d'une institution culturelle fédérale située dans une ville très majoritairement francophone.
Pour tenter de se donner une légitimité qu'il n'a pas (il est ingénieur forestier, pas du tout archiviste), le conservateur se montre autoritaire envers les lanceurs d'alerte qui osent critiquer sa gestion de l'institution et des collections, pourtant patrimoine national.
Le conservateur n'a aucune éthique professionnelle. Notamment, il embauche sa fille, pourtant sans qualification particulière, avec l'argent des subventions publiques (trois millions d'euros annuels du fédéral, en 2016.)
Il est surprenant que les subventions publiques ne soient pas conditionnées à la bonne gouvernance. »
Ces Flamands, dépourvus de valeur morale, ont exigé que je supprime mes critiques sur les dysfonctionnements de l'institution, condition pour être autorisé à y retourner. J'ai évidemment refusé de répondre à leur chantage, digne de leur esprit étroit et mesquin.
- Un ministre (du Parti Socialiste) qui refuse de prendre ses responsabilités :
(courriel envoyé le 25 avril 2024 au Secrétaire d'État qui subventionne la Cinémathèque royale de Belgique.)
objet : Réforme nécessaire de la Cinémathèque royale : une question de responsabilité et d'éthique.
Bonjour Monsieur le Secrétaire d'État Thomas Dermine,
Je me permets de revenir vers vous concernant le problème de la Cinémathèque.
Le contribuable pourrait s'attendre que les subventions soient conditionnées à la bonne gouvernance, à un minimum d'éthique professionnelle et qualité de service.
Vous semblez ne pas avoir conscience que c'est le SPP Politique scientifique, dont vous avez la responsabilité, qui subventionne la Cinémathèque royale.
Si le Secrétaire d'État qui subventionne n'a pas le pouvoir de contrôler, par exemple les offres d'emploi dans cette fondation de droit privé (je rappelle que notamment le conservateur, forestier de formation, a engagé sa fille), l'élu responsable n'a-t-il pas le pouvoir de réformer cette institution ? Simplement en arrêtant de subventionner cette « fondation », pour en subventionner une nouvelle.
Récemment, alors que son fonctionnement ne relevait pas de son Ministère, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a remplacé l'"Exécutif musulman" par le "Conseil musulman", nouvelle équipe qui reçoit maintenant les subventions de l'État fédéral précédemment octroyées à l'Exécutif.
Donc, c'est possible.
Il suffirait de libérer, ouvrir la collection de films de la Cinémathèque royale aux autres salles de cinéma ou institutions (comme la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles, jusqu'à ce jour une coquille vide), qui pourraient recevoir les subventions économisées, selon des critères objectifs à déterminer.
Pourquoi ne pas faire un appel d'offres ?
Cela ne semble pas compliqué et ne coûte rien.
De quel droit cette fondation privée détient-elle le monopole sur l'intégralité du patrimoine cinématographique du pays ?
Pourquoi cette situation abusive, héritée d'un autre temps, resterait-elle immuable ?
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire d'État Thomas Dermine, l'expression de ma haute considération.
Lists
An error has ocurred. Please try againDu Studio Belvision :
- le pilote de "Coin-Coin" intitulé "Le canard pressé" (1964) : sous-Bugs Bunny : 4 (Je pense qu'il s'agit de cette fiche : http://www.imdb.com/title/tt0270265 )
- Clifton - un pépin pour Clifton (1984) : essai au scénario et à l'animation rudimentaire, à la musique de film de science-fiction Z espagnol de l'époque, trop court (cinq minutes seulement !), mais cela reste une curiosité : 7
- J'ajoute : "Traitement spécial pour pervers sexuel"/"Waterpower" (1977), variation autour de "Taxi Driver" de Martin Scorsese (1976).
Selon Etienne Looze :
« Revu dans sa version intégrale (qualité VHS, UHD ici non recommandée) erronément attribuée à Gerard Damiano, et incluant les fameuses et peu ragoûtantes "scènes d'expulsion", le crapoteux "Waterpower" de Shaun Costello (1976). Librement inspiré des exactions de Michael Hubert Kenyon, mieux connu sous le nom d'Illinois Enema Bandit, lequel trouvait une certaine satisfaction à violenter des étudiantes en leur imposant un lavement non consenti... Avec un Jamie Gillis qui semble s'être investi corps et âme dans son rôle de psychopathe, maniant avec une certaine dextérité la poire à lavement et, dans un rôle secondaire, l'androgyne Sharon Mitchell, cause de bien des émois adolescents en ce qui me concerne... Bref, 45 ans plus tard, "Waterpower" reste un must du cinéma pornographique déviant. »
https://www.imdb.com/title/tt0076907/
https://en.wikipedia.org/wiki/Water_Power_(film)
https://www.adultdvdtalk.com/review/waterpower
- J'ajoute "Corps de chasse" (1982) de Michel Ricaud
Selon Toxicavenger de Psychovision :
« Émule pornographique de "La traque" (de Serge Leroy) sur fond de scatologie et de transsexuels, "Corps de chasse" accumule une petite heure durant situations nauséeuses et gros plans gerbants. Anus lubrifié à l'huile de moteur au cours d'un viol, pénétration à l'aide d'une cartouche ou encore gros plan sur un sexe barbouillé d'excréments après une sodomie ; tout n'est que sexe sale dans "Corps de chasse" jusqu'au final hallucinatoire, brutal et extrême, à la croisée d'un Zebedy Colt (qui signa un film à peu près similaire avec "Farmer's daughters") et d'un Tinto Brass, la théâtralité baroque en moins. »
https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/153-corps-de-chasse
- J'ajoute : "L'Infermiera dal Clistere facile" (2001) avec Jessica Rizzo.
Selon David Didelot :
« L'infirmiera donc, ou la dottoressa : on ne comptera ni les films pornos ni les comédies érotiques sur le sujet, tant et si bien que Miss Rizzo sacrifiera au moins deux fois aux plaisirs de la chair en blouse blanche : dans le film qui nous occupe (2001) et dans "La Dottoressa del Pisello" (2000). Celui-là n'est pas aussi sale que son titre le laisserait supposer, et c'est tant mieux pour les âmes sensibles. De scénario il n'y en a pas pour commencer, mais l'on est habitués chez la dame : en gros, Jessica est infirmière et propose ses services à des gens bien chauds pour nettoyer leur fondement par la poire… Le sien aussi par ailleurs, car on partage tout dans le monde de Jessica : en témoigne la première (longue) séquence, où Pamela Miti en prend plein les fesses avant que la brunette elle-même se fasse limer la turbine - par le clystère et la quéquette d'un chevelu. La voie est libre en un mot, et les gros plans un peu dégueus tomberont comme à Gravelotte… Mais bon, on a vu bien pire dans l'inventaire. Le remède a-t-il agi au moins ? Oh que oui, Pamela s'en donnant à cœur joie avec son homme après cela - sans besoin d'infirmière ou d'un autre mecton. Protocole de soins, suite. On retrouve Jessica avec trois poilus prétendument mal en point… Pas du zob en tous les cas, puisque la belle se laisse aller à tous les vices en leur compagnie. Et comme il faut bien faire honneur au titre, lavement pour l'un de ces Messieurs dans la foulée. En l'espèce j'accélère… Eh oui, on ne se refait pas bonnes gens (chacun ses phobies et ses limites), même si j'eus le temps d'apercevoir la conclusion du traitement : pissing de la dame au fondement du bonhomme. On se demande bien à quoi servit le lavement ! L'ordonnance se termine par un petit quatuor avec le (vrai) mari de Jessica, Marco Toto. Pour s'amuser un peu, le dynamic duo a convoqué deux blondinettes qui se prendront le clystère dans l'oignon - véritable fil rouge du film. Enfin, sans savoir le pourquoi du comment, Jessica est catapultée chez elle puis chloroformée par un malfrat blackos, qui veut profiter de ses charmes : fini la blouse blanche et la poire à lavement ; place aux bas sexy et au manche mastoc du bonhomme, lequel réveille très vite les ardeurs (anales) de la Signora… (...) »
Sergio Corbucci fut le maître suprême de la boue, la neige et la noirceur ("Django" en 1966 et "Le grand silence" en 1968). Pour la mort du western, voir "The Misfits" (1961) de John Huston. Pour le western moderne : le diptyque de Monte Hellman "Ride in the Whirlwind/L'ouragan de la vengeance" (1965) et "The Shooting" (1966). Pour le western féministe : "Rancho Notorious/L'ange des maudits" (1952) de Fritz Lang et "Johnny Guitar" (1954) de Nicholas Ray.
Trois "westerns psychologiques" : "The Ox-Bow Incident"/"L'étrange incident" (1943) de William A. Wellman, "Pursued"/"La vallée de la peur" de Raoul Walsh (1947 ; inspiré par "Spellbound"/"La maison du docteur Edwardes" d'Alfred Hitchcock -1945- ; à la fin ridicule) et "High Noon"/"Le train sifflera trois fois" (1952) de Fred Zinnemann.
Deux westerns de transition vers la modernité : "The Left Handed Gun"/"Le gaucher" (1958) d'Arthur Penn (à revoir... Avais coté 7) et "Ride the High Country"/"Coups de feu dans la Sierra" (1962), premier long métrage de Sam Peckinpah, encore hésitant (certaines séquences sont proches de la parodie comme une course de chameau et des bagarres, mais la narration est vraiment libre avec des passages cinglants dans de splendides décors naturels, mais parfois reconstitués en studio. L'un des derniers westerns classiques.)
Les westerns paella les plus importants seraient, selon les connaisseurs du sous-genre, ceux des frères Romero Marchent : Joaquín Luis qui, après ses Zorro bis produits par Eurociné et scénarisés par Jesús Franco, fait œuvre de précurseur en 1963 avec "El sabor de la venganza/Les 3 implacables" et en 1964 "Antes llega la murette/Sept du Texas". Il est aujourd'hui surtout renommé pour son malsain, nihiliste et violent "Condenados a vivir/Cut-Throats Nine" (1972), proche de "Le grand silence" (1968) de Sergio Corbucci, "Le temps du massacre" (1966) et "4 de l'apocalypse" (1975) de Lucio Fulci (« "Condenados a vivir" est reconnu pour être LE western européen gore. Pourtant l'intérêt de ces séquences gore est très limité… elles semblent souvent avoir été rajoutées, tels des inserts pornos qui lardent certains métrages d'exploitation des années '70. Le véritable intérêt du film se trouve dans sa situation propice à d'innombrables tensions, à une atmosphère nihiliste et apocalyptique… par moment proche de Werner Herzog. » selon Hélène Cattet et Bruno Forzani, réalisateurs de l'hommage postmoderne au giallo "Amer"), et son frère Rafael, un bon artisan (le tragique "Ocaso de un pistolero/Dans les mains du pistolero" en 1965, "¿Quién grita venganza?/I morti non si contano/Dead Men Don't Count/Les pistoleros du Nevada" en 1968 et "Garringo" en 1969.
Par ailleurs, l'un des meilleurs et plus violents westerns spaghetti serait "Ammazzali tutti e torna solo/Tuez-les tous... et revenez seul!" (1968) d'Enzo G. Castellari. Le même cinéaste aurait réalisé en 1976 le dernier grand western spaghetti : "Keoma". Castellari avait réalisé en 1967 "Je vais, je tire et je reviens"/"Vado... l'ammazzo e torno", clairement produit dans le but de surfer sur le succès de "Le bon, la brute et le truand" de Sergio Leone, sorti neuf mois plus tôt, ce plus petit budget, premier film du cinéaste en solitaire, se révèle précurseur des westerns spaghetti parodiques (par exemple avec Terence Hill) aux bagarres (à la Bud Spencer) acrobatiques. Mise en scène (encore timidement) stylisée (couleurs, compositions) qui donne un côté bande dessinée. Le scénario est une redondante succession de doubles jeux et trahisons entre quelques voyous peu sympathiques, à peine esquissés.
Western parodique de 1964 plutôt inspiré par la bande dessinée ("Lucky Luke") : "Lemonade Joe" du Tchèque Oldrich Lipský. Parodie du western spaghetti, plus trash (avec sadisme et misogynie) : "Blindman" (1971) de Fernandino Baldi.
Westerns soja : "Soleil rouge" (1971) coproduction franco-italo-espagnole de Terence Young avec Charles Bronson, Ursula Andress, le japonais Toshirô Mifune (acteur fétiche d'Akira Kurosawa) et Alain Delon, "Mon nom est Shangaï Joe" de Mario Caiano, avec Klaus Kinski, (1972), "La brute, le colt et le karaté" (1974) de l'honnête artisan Antonio Margheriti, produit par la Shaw Brothers associée avec le grand producteur Carlo Ponti, mais également les moins connus "Winchester, kung fu et karaté"/"2 chinois dans l'ouest" (1973) de Yeo Ban-Yee, "Les rangers défient les karatékas" (1973) de Bruno Corbucci, "Storia di karatè, pugni e fagioli" (1973) de Tonino Ricci (réalisateur de "Thor le guerrier" en 1983), la médiocre suite "Che botte ragazzi!"/"Return of Shanghai Joe" (1975) de Bitto Albertini (réalisateur du premier "Black Emanuelle"), avec Klaus Kinski, et enfin une coproduction thaïlandaise "Le tigre de la rivière Kwaï" (1975) de Franco Lattanzi.
Pour la poubelle...
Reviews
Le malizie di Venere (1969)
Dépaysant film érotique sixties élégamment mis en scène
"Vénus en fourrure" est l'un des plus jolis films érotiques, délicatement photographié en Techniscope et Technicolor (ou simili -?-) dans de dépaysants décors alpins et de la Costa Brava. Une épatante musique souvent psychédélique, avec parfois des touches indiennes, de Gianfranco Reverberi accompagne cette exploration sixties du voyeurisme et surtout de l'obsession amoureuse, des rapports de soumission, de dominant/dominé, dans le couple, qui rappelle "Leave Her to Heaven/Péché mortel" (1945) de John M. Stahl ou "El/Tourments" (1953) de Luis Buñuel.
L'ancien chef opérateur Massimo Dallamano (qui a dirigé en 1964-65 la photographie des deux premiers films de la trilogie de « l'homme sans nom » de Sergio Leone) met en scène avec élégance cette adaptation du fameux roman masochiste de Leopold von Sacher-Masoch. La relation perverse, déviante, est examinée avec un regard froid et détaché, sans jugement. Il est difficile au spectateur d'avoir de l'empathie pour les personnages. Sûrement qu'une deuxième vision bonifierait l'uvre. (J'ai eu la grande chance de regarder une copie 35mm d'époque.)
Avec (dans son premier rôle important) Laura Antonelli ("L'innocent", le dernier Visconti en 1976), au corps parfait, qui finit aujourd'hui ses jours dans la souffrance, confirmant ce que Pasolini avait compris après sa "trilogie de la vie" (et sa rupture avec Ninetto Davoli) : le libéralisme économique ou sexuel est aussi inhumain et répugnant que le fascisme. On ne reste pas riche, beau et jeune toute sa vie, dans la diabolique société du spectacle qui a étendu le domaine de la lutte, en chassant Dieu et ses lois. "Strike, dear mistress, and cure his heart".
Dallamano est un cinéaste sous-estimé. Il réalisa également en 1970 une brillante adaptation de "Le Portrait de Dorian Gray" avec Helmut Berger (qui comme Laura Antonelli a depuis beaucoup perdu avec sa jeunesse), en 1972 "Mais... qu'avez vous fait à Solange ?" un des meilleurs gialli, en 1974 "La polizia chiede aiuto/La lame infernale", avec des éléments de poliziottesco. Et d'autres films d'exploitation encore plus méconnus malheureusement. Le réalisateur est mort dans un accident de voiture en 1976, à l'âge de 59 ans.
À ne pas confondre avec le Jess Franco éponyme (dont le titre original est "Paroxismus"), l'un des sommets de la carrière du -petit ?- maître espagnol, ses producteurs ayant imposé "Venus in Furs" pour profiter de la réputation de celui-ci, suite à sa censure en Italie (où le film est finalement sorti dans une seconde version en 1975 sous le titre "Le malizie di Venere".)
Sheena (1984)
Recyclage des serials, à la sauce du film d'aventure des eighties
"Sheena, reine de la jungle", Tarzan en version féminine, fut la première héroïne de l'Histoire de la bande dessinée, en 1937. John Guillermin (réalisateur en 1959 de "La plus grande aventure de Tarzan" et en 1962 "Tarzan aux Indes") a souhaité travailler avec le scénariste de son remake écolo de "King Kong" (1976), Lorenzo Semple, Jr., qui avait aussi écrit les Batman des sixties, le Flash Gordon de 1980 et le dernier James Bond avec Sean Connery "Jamais plus jamais" en 1983. Les compères s'amusent des invraisemblances, des codes hollywoodiens, sans tomber dans le piège de la parodie.
Ce grand spectacle, pour petits (à partir de huit ans) et grands, recycle l'esprit des serials des années 1930/40 à la sauce du film d'aventure teinté de romance des années '80 ("Les aventuriers de l'arche perdue" en 1981 et sa suite en 1984 "Indiana Jones et le temple maudit" de Steven Spielberg ; "Romancing the Stone/À la poursuite du diamant vert" de Robert Zemeckis en 1984).
Le directeur de la photographie, Pasqualino De Santis, a travaillé pour Luchino Visconti ("Mort à Venise" en 1971, "L'innocent" en 1976) et Robert Bresson ("Lancelot du lac" en 1974, "Le Diable, probablement" en 1977, "L'argent" en 1982). C'est tourné en splendides décors naturels au Kenya et l'utilisation des animaux dressés ou sauvages est particulièrement réussie. Les quelques longueurs vers la fin et des trucages, inspirés de "Les oiseaux" (1963) d'Alfred Hitchcock, trop artisanaux, n'expliquent pas que cet agréable divertissement familial dépaysant est considéré, par beaucoup, comme un « nanar »
Surtout si on le compare au Tarzan érotique plat de John Derek "Tarzan, l'homme singe" (1981).
À noter que quelques mois avant "Sheena", en février 1984, sortait "Gwendoline" dernier film de Just Jaeckin ("Emmanuelle" en 1974, "Histoire d'O" en 1975, "Madame Claude" en 1977), adaptation, dans la même veine que "Sheena", mais adulte, de la plus célèbre BD de bondage. Avec Zabou et Bernadette Lafont (!)
The Prince and the Showgirl (1957)
Théâtre filmé rose bonbon périmé
Comédie (qui se veut) romantique anglaise (tournée aux Pinewood Studios) rococo, théâtrale, à l'ancienne, très bavarde et longuette, inutilement compliquée par une intrigue concernant un possible renversement de pouvoir et des espions. Les couleurs sont douces, aux tons pastels, avec des roses roses. Monroe est parfaite dans le premier rôle féminin, mais malheureusement, Laurence Olivier, le producteur/réalisateur, la fait tomber amoureuse d'un personnage caricatural beaucoup plus âgé qui n'a rien de séduisant, joué par lui-même (donc pas dirigé) ; il en a profité, le salaud. Bien sûr, le cur a ses raisons que la raison ne connaît pas, mais ici le spectateur ne comprend pas du tout ce qui a pu attirer Marilyn chez ce détestable partenaire qui n'a rien d'un élégant Cary Grant. Énorme erreur de casting, comme trop souvent dans les films avec Monroe. Bref, on s'ennuie, mais c'est joli à regarder.
Bus Stop (1956)
Attirance animale
Le personnage masculin principal, un gros lourd surjoué, est des plus irritant. L'argument, adapté d'un succès à Broadway, daté et stupide. La fin très convenue, invraisemblable, laisse en bouche un goût décevant (mais c'est précisément lors des dernières séquences que Marilyn est la plus désirable). Cette production ne serait qu'une des pires comédies sentimentales hollywoodiennes des années cinquante, oubliée depuis longtemps, si elle ne mettait en vedette Monroe, big star qui commençait à se faire plus rare au cinéma. L'ensemble de l'entreprise est construite autour d'elle. Le réalisateur, surtout homme de théâtre, n'est pas un génie, mais sait ce qui est important et ne gaspille pas la chance qu'il a, contrairement à trop d'autres avant lui. Les couleurs et costumes sont particulièrement soignés.
Si Marilyn était sensuelle, mystérieuse, voire inaccessible dans "Niagara" (1953), elle n'a jamais été aussi attirante qu'ici car elle est plus touchante et naturelle, en restant quand même glamour. Le CinemaScope magnifie sa peau, son duvet, ses poils, sa salive. C'est carrément érotique, même bandant. C'est sans doute à "Bus Stop", vu à la télévision vers mes douze ans, que je dois mon idéal féminin.
How to Marry a Millionaire (1953)
Gaspillage de gros moyens
Scénario grossier, mise en scène négligée et terne, Monroe est gaspillée dans ce produit mal rythmé, destiné à la moyenne bourgeoisie américaine de l'époque.
Alors que Marilyn était devenue une big star grâce à "Niagara" et "Les hommes préfèrent les blondes", elle est ici étonnamment sous-utilisée dans un quasi-second rôle d'idiote myope. Lauren Bacall a l'air de jouer pour payer ses factures, tandis que le réalisateur semble amoureux de la vulgaire Betty Grable, une vedette des années '40.
Le CinemaScope (c'est le premier film tourné avec ce procédé, même si "La Tunique" est sorti avant
Ce qui explique une interminable séquence musicale au début destinée à mettre en évidence cette révolution technique, ce qui apparaît malvenu puisque Monroe ne chante pas dans "Comment épouser un millionnaire") n'apporte pas grand chose, ni le Technicolor, à cette pauvre adaptation théâtrale. Quelques jolis plans de coupe de New York.
Film au charme suranné, occasionnellement amusant. Et il y a Monroe, adorable.
Don't Bother to Knock (1952)
Troublant mélodrame à la texture de film noir, l'un des plus importants rôles de Monroe
Souvent présentée comme le premier rôle principal de Monroe (en réalité elle partageait déjà en 1948 le premier rôle féminin dans le plaisant très petit budget "Ladies of the Chorus/Les reines du music-hall" de Phil Karlson), cette modeste production étonnamment soignée du réalisateur anglais Roy Baker (en 1967 "Quatermass and the Pit/Les montres de l'espace", en 1970 deux films de vampires et en 1971 "Dr. Jeckyll et Sister Hyde", tout ça pour la Hammer) est surtout la plus belle composition dramatique de la star avec "The Misfits" (1961) de John Huston, son dernier film.
"Don't Bother to Knock/Troublez-moi ce soir" est bizarrement resté longtemps oublié en francophonie. Je conseille à ceux qui ne l'ont jamais vu d'ignorer un maximum de son intrigue surprenante. Si sa texture est celle d'un film noir et qu'il y a quelques pincées d'humour, il s'agit en fin de compte d'un mélodrame psychologique triste, assez osé, jusqu'au trouble.
McCabe & Mrs. Miller (1971)
Western typique de son époque, aux ingrédients inhabituels
Présenté comme un « anti-western » car il n'utilise qu'avec parcimonie les codes et l'iconographie du genre (shérif, indiens, grands espaces, etc.), il s'agit surtout d'un film en costumes d'époque adapté d'un roman.
"John McCabe et Mrs. Miller" se veut moderne et réaliste, mais les personnages, pas si denses, ont en fait l'air d'acteurs connus déguisés dans des décors de cinéma (dont Warren Beatty qui en fait un peu trop). Le deuxième tiers propose principalement une description impressionniste en huis-clos qui annonce les futurs films choraux du réalisateur. Le tout est bavard, assommant. Pourtant, on reste en surface et Robert Altman offre plutôt un témoignage naïf sur l'époque du tournage (critique politique des USA, libération sexuelle, féminisme, musique de Leonard Cohen, permission de roter dans un film) qu'une étude documentée sur la vie des prostituées dans les petites villes de l'Ouest au début du vingtième siècle.
L'atmosphère est travaillée artificiellement : des filtres ont été utilisés et le négatif a été flashé (pre-fog). Il est amusant de constater que le résultat sur cette pellicule 35mm de première qualité est proche de la texture d'une copie 16mm bon marché développée après la date de péremption ou conservée un temps dans de mauvaises conditions, comme le cinéma d'exploitation grindhouse, et particulièrement ses bandes-annonces, nous en a habitué. Le travail sur le son est étrange (j'ai entre autres noté quelques échos ajoutés sans raison) et semble parfois raté, tant il est impossible de deviner les intentions du réalisateur quant à ces bizarreries qui fatiguent le spectateur.
Reste la boue, la neige et la noirceur, mais Sergio Corbucci avait fait infiniment mieux avant ("Django" en 1966 et "Le grand silence" en 1968). Pour la mort du western, voir "The Misfits" (1961) de John Huston. Pour le western moderne : le diptyque de Monte Hellman "Ride in the Whirlwind/L'ouragan de la vengeance" (1965) et "The Shooting" (1966). Pour le western féministe : "Rancho Notorious/L'ange des maudits" (1952) de Fritz Lang et "Johnny Guitar" (1954) de Nicholas Ray.
En conclusion, une uvre datée et surestimée, d'un débutant encore maladroit, qui conserve quand même un cachet unique grâce au mélange inhabituel de ses curieux ingrédients.
'Hukkunud Alpinisti' hotell (1979)
Prometteur film soviétique de genre, plein d'atmosphère, qui se révèle ennuyeux et casse-tête
Tourné en Estonie pour les intérieurs et au Kazakhstan pour les extérieurs, "L'Hôtel de l'alpiniste mort" commence très bien : l'action se déroule dans les Alpes françaises, ce qui crée un inédit savoureux décalage (le film est totalement soviétique), et la forme, l'atmosphère est proche du cinéma bis le plus soigné (Dario Argento) ou de science-fiction d'auteur européen des sixties/seventies (le Jean-Luc Godard d'"Alphaville" ou surtout le Rainer Werner Fassbinder de "Le monde sur le fil") grâce à l'utilisation de l'architecture et décoration contemporaine (abstractions géométriques, lumières colorées, miroirs, ...), zooms à la Jesús Franco, musique synthétique, etc.
Dès ce début plein d'idées prometteuses (dont l'explication du nom de l'hôtel, l'intelligent et serviable Saint-Bernard,
), l'argument ne s'embarrasse pas de vraisemblance, puisqu'un seul inspecteur de police est envoyé en mission dans un hôtel isolé, d'où est provenu un appel à l'aide téléphonique anonyme.
Suite à un meurtre pendant une avalanche, cela se transforme en whodunit plutôt bavard à la Agatha Christie, laborieux car la galerie de personnages n'est pas assez fouillée. Ils sont creux et inintéressants. La mise en scène répétitive manque de relief. Les acteurs surjouent de plus en plus.
Mais le film prend une autre direction inattendue, malheureusement fortement alourdie par les complications embrouillées d'un scénario maladroit, encombré d'impasses et d'informations brusques. À la première vision, le spectateur a des difficultés de compréhension. La fin est particulièrement décevante. Dommage car c'était bien parti.
J'ai regardé une copie 35mm de la restauration de 2009, a priori respectueuse, numérique m'a-t-il semblé lire au générique final (sans deviner ce que cela signifie précisément), par l'Estonian Film Foundation.
Maciste (1915)
Spin-off bon marché de "Cabiria" et premier de la série des Maciste
Produit dans le but de capitaliser sur le succès de "Cabiria" (1914), première superproduction mondiale (remarquable pour ses mouvements d'appareils innovants et moyens ambitieux qui influenceront D. W. Griffith et Cecil B. DeMille, mais aussi ses acteurs gesticulants et grimaçants comme à l'opéra), le Maciste inaugural, bien que court (70 minutes), paraît beaucoup plus long. L'argument a pour cadre l'époque contemporaine, ce qui permet d'éviter d'onéreuses dépenses en costumes, figurants et décors.
Le scénario est dans la même veine que les serials de Louis Feuillade, mais la mise en scène est moins élégante. Une déception : peu de trucages pour illustrer la force du colosse.
L'occasion de visiter (très brièvement) le studio de Turin où fut tourné "Cabiria". Seulement une valeur de document historique, donc. Qui permet de prouver, puisque l'on assiste à une projection dans le film, que les films muets étaient accompagnés par un orchestre dirigé, non pas par un pianiste qui improvise. Ce qui sera confirmé en 1929 dans "A Cottage on Dartmoor", chef-d'uvre anglais du muet agonisant.
La première série des Maciste (interprétée par Bartolomeo Pagano) se divise en une période italienne (jusqu'en 1922), une allemande (de 1922 à 1924) et une seconde italienne (de 1924 à 1927) aux mises en scène plus soignées. Le plus intéressant est "Maciste aux enfers" (1925) de Guido Brignone, avec ses femmes démoniaques, décors fantastiques inspirés par les gravures de Gustave Doré et effets spéciaux signés Segundo de Chomon. Film qui a poussé Federico Fellini à faire du cinéma et qui a influencé plus ou moins directement Luigi Cozzi. En 1962, Riccardo Freda en réalisera un semi-remake suite à la résurrection sonore, en couleurs, Dyaliscope et en costumes du héros, dans une Antiquité revue par Cinecittà, proche de l'heroic fantasy, au cours du second âge d'or du péplum (1957-1965) : "Maciste en enfer". C'est l'un des opus les mieux cotés de cette seconde série du début des sixties avec "Maciste contro il vampiro/Maciste contre le fantôme" (1961) de Sergio Corbucci et Giacomo Gentilomo et "Maciste contre Zorro" (1963) d'Umberto Lenzi.
La muerte silba un blues (1964)
Film noir d'exploitation réalisé par Jesús Franco encore débutant
J'ai regardé un transfert VHS d'une copie usée de la version française de "La muerte silba un blues" (doublée au plus bas tarif du marché) intitulée "Agent 077 opération Jamaïque". Il serait également sorti sous le titre "Opération Sexy" ; j'ignore si des inserts érotiques y avaient été ajoutés.
Il s'agit d'un film d'exploitation destiné aux salles populaires. Ce petit budget d'Eurocineac réalisé par Jesús Franco, encore débutant, tente de surfer sur la vague de "Dr. No" en situant l'action en Jamaïque (mais aussi à la Nouvelle-Orléans et en Amérique du Sud, c'est un peu confus) où l'on retrouve des pêcheurs Noirs sympas. Si l'ambiance locale était particulièrement bien rendue dans le premier James Bond par le tournage sur place, les couleurs et la musique, ici c'est tourné en Espagne (à Marbella), en noir et blanc et la musique n'est pas du calypso, mais du jazz/blues. Jesús Franco, jeune, en profite pour apparaître en saxophoniste.
Pas beaucoup d'espionnage dans ce scénario (une collaboration d'un certain Luis de Diego et du réalisateur qui a donné une dimension psychologique aux personnages) de film noir (influencé par "La Dame de Shanghai", "Gilda" et surtout "Mr. Arkadin" et d'autres plus réalistes comme "The Naked City"), prétexte pour le cinéaste à tenter quelques mouvements d'appareil et des expérimentations avec la lumière. Il réussit même un hommage au cinéma de Godard (vers la douzième minute) et quelques belles scènes musicales.
Comme Jesús Franco nous en a habitué, il bâcle ce qui ne l'intéresse pas, en particulier les scènes d'action (bagarres et poursuites de voitures) exigées par l'aspect commercial de la production. Je déconseille ce film aux fans de l'agent 007. Par contre, j'ai beaucoup de tendresse pour le travail artisanal du petit maître Jesús Franco et serais heureux d'avoir la chance d'assister à la projection de cette uvre mineure en pellicule et, idéalement, en version originale.
Dr. No (1962)
James en Jamaïque
J'avais vu "Dr. No" il y a plus de vingt-cinq ans à la télévision. Je l'ai revu sur grand écran en très bonne copie d'époque.
La réalisation est anonyme mais soignée comme dans les productions de genre anglaises (par exemple celles de la Hammer). J'ai de loin préféré ce premier film au deuxième opus réalisé un an plus tard "Bons baisers de Russie" (revu plusieurs fois ces dernières années dans les mêmes excellentes conditions) qui est pourtant généralement considéré comme supérieur, mais que je ne digère pas entre autres à cause de ses Gitans d'opérette.
Celui-ci est tourné en grande partie sous le soleil et aux bords de mer de la Jamaïque. La musique locale (calypso), en plus du fameux James Bond Thème, contribue au charme du divertissement, qu'il ne faut bien sûr pas prendre trop au sérieux. Le générique de début (signé Maurice Binder) est très beau, même s'il rappelle "Adebar" (1957) de Peter Kubelka et le travail du graphiste Saul Bass. Un bémol : la mise en scène du climax tourné en studio, sans musique, humour ou femme, est trop atone. Je n'ai pas pu m'empêcher de m'endormir.
Plastiquement, c'est réussi, grâce notamment aux décors. Il rejoint la liste de mes James Bond préférés avec "Au service secret de Sa Majesté" (1969) et "Casino Royale" (2006). Je précise que je n'ai pas encore eu l'occasion d'assister à une projection de "Goldfinger" (1964) et, avec un regard adulte, de "Rien que pour vos yeux" (1981) qui sont bien cotés.
Hamilton (2006)
Méditation simple, authentique et attachante
"Hamilton" est une fiction courte (une heure) et simple qui décrit, sans intrigue artificielle à la frères Dardenne, la vie quotidienne pendant deux jours d'été moites, les soucis et frustrations de quelques habitants d'une banlieue ouvrière de Baltimore (ville du cinéaste) : deux adolescents déjà parents, leur enfant, sa grand-mère et des voisins.
Si le film suivant de Matthew Potterfield "Putty Hill" (2010) se démarquera de la production indépendante américaine par une certaine recherche narrative, celui-ci offre une photographie plus ciselée et agréable à l'il (C'est tourné en 16mm et j'ai eu la grande chance d'assister à la projection d'une copie en ce format). Les acteurs non-professionnels (Robert Bresson est remercié au générique) sont parfaitement dirigés. Le travail sur le son est impeccable, il met en évidence les silences fertiles. Cette mise en scène minimaliste propose une méditation sur la vie, rien d'extraordinaire, mais le résultat est une uvre authentique et attachante.
Mauvaise graine (1934)
Divertissement plein de fraîcheur, de surprises et de vie
Avant son départ pour les USA, première (co-)réalisation en France de Billy Wilder, qui avait été scénariste à Berlin. Il avait entre autres participé au scénario de "Les hommes le dimanche" (1930), chef-d'uvre du muet agonisant. Dois-je préciser que ce "Mauvaise graine" est moins maîtrisé que, par exemple, "Sunset Boulevard" dirigé par Wilder quinze ans plus tard ?
"Mauvaise graine", petit budget sans prétention autre que de divertir, a des faiblesses (aspect brut, fadeur des personnages et intrigue de type serial), mais il est préférable de les dépasser pour apprécier ses changements de tons rocambolesques, son extraordinaire fraîcheur et surtout certaines innovations qui annonçaient le cinéma moderne. Cela commence par une comédie dans le monde des voleurs d'automobiles (avec un curieux collectionneur compulsif de cravates !), puis se transforme en romance avant de se terminer en mélodrame. La très belle Danielle Darrieux, seize ans, éclatante de jeunesse, se montre en maillot de bain. C'est, par manque d'argent, tourné en décors naturels, dont de nombreuses scènes dans les rues de Paris, et en son direct. Il y a un magnifique travelling arrière sur une route, avec le vent qui souffle dans le micro.
The Monster of Highgate Ponds (1961)
Très petit budget pour enfants tourné dans Londres
Alberto Cavalcanti, réalisateur à la longue carrière internationale hétéroclite, qui a surtout adapté en 1956 Bertolt Brecht ("Maître Puntila et son valet Matti"), est responsable de ce petit film tourné dans Londres (seule particularité remarquable plutôt réussie), d'une extrême naïveté, d'un surréalisme involontaire, et sans autre prétention que de divertir sagement les moins de douze ans.
Le budget est insuffisant et les effets spéciaux rudimentaires (animation en volume) sont terriblement médiocres, très loin de la qualité de l'admirable travail de Ray Harryhausen. Rien n'est susceptible d'intéresser l'adulte. Le problème et que la personnalité du directeur et le sujet (monstre dinosaure proche d'un Godzilla) attire l'attention du cinéphile. Qui sera déçu, car le niveau n'atteint pas celui des moins bonnes séries B fantastiques américaines des années '50. Ce n'est même pas comique, seulement ennuyeux. Pour les petits, ce produit a mal vieilli et il n'est pas difficile de trouver beaucoup mieux.
La lupa mannara (1976)
Film de loup-garou d'exploitation italien, avec du sexe et de la violence
Le rythme est mou. C'est mal joué, les dialogues sont stupides et la fin est bâclée. Mais ce film de loup-garou psychanalytique a ses qualités : des éléments (bien sûr opportunistes) inattendus (un peu de "L'exorciste" et du rape and revenge glauque), de l'érotisme plus cru que d'habitude et une ambiance travaillée authentiquement (sans silicone !) camp rugueuse, pas bling-bling comme beaucoup tentent vainement d'en fabriquer depuis que le cinéma d'exploitation est mort.
Le réalisateur Rino Di Silvestro est aussi connu pour "Diario segreto da un carcere femminile/Women in Cell Block 7/La vie sexuelle dans une prison de femmes" en 1973 (à ne pas confondre avec "Frauen für Zellenblock 9" de Jesús Franco, en 1978), "Deported Women of the SS Special Section", nazisploitation dans la bonne moyenne (pour le genre) fait juste après "La louve sanguinaire", "Hanna D. - La ragazza del Vondel Park/À seize ans dans l'enfer d'Amsterdam" en 1984, ripoff sulfureux de "Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée
", et le sous-Caligula "Les nuits chaudes de Cléopâtre" en 1985.
Suffisamment original pour intéresser les amateurs de cinéma d'exploitation européen des années '70, même si les basculements de genre, pouvant paraître maladroits, décevront ceux qui attendent un pur film de loup-garou (pas d'impressionnante transformation et très peu de gore.)
Fuera de la ley (1964)
Western paella désuet qui mérite sa mauvaise réputation
Dialogues risibles, rythme laborieux, direction des acteurs désastreuse, mise en scène négligée, etc., le minable "Fuera de la ley/Billy le Kid" mérite sa mauvaise réputation. Le spectateur a du mal à rester attentif jusqu'à la fin car les 90 minutes semblent bien longues. Le réalisateur León Klimovsky, plus connu pour ses films d'épouvante des années '70, n'a visiblement pas pris son travail au sérieux. Il a déclaré avoir tourné ses westerns pour l'argent. « Mes films préférés sont "La Noche de Walpurgis" et "La saga de los Dracula". Ceux que j'aime le moins sont les westerns, je les ai réalisés seulement pour l'argent » (entretien par Alex Zinefilo dans "2000 Maniacos" #14, 1994 ; Ed. Manuel Valencia.)
Ce désuet produit de consommation courante qui ressemble aux westerns US de série B des années '40 (Mais est en couleurs, détail qui lui donne un peu de charme) s'inscrit dans un contexte historique particulier puisque, s'il semble avoir été terminé en 1963, il aurait été tourné en 1962, donc bien avant "Pour une poignée de dollars" de Sergio Leone, ce qui explique que l'on ne trouve pas du tout ici l'esthétique du western spaghetti qui n'était pas encore né, même si ce sont ses futurs décors et sa future main-d'uvre mal payée, sous le regard bienveillant des autorités franquistes, qui sont déjà utilisés. De plus, c'est un exemple de production "Eurociné" ("Eurocineac" à l'époque), compagnie cinématographique française spécialisée dans le film d'exploitation co-produit avec l'Espagne, d'avant son heure de gloire, qu'elle allait connaître quelques années plus tard (grâce notamment au cinéaste Jesús Franco). Pour l'anecdote, Marius Lesoeur, patron de la société, a refusé d'investir dans le premier western de Leone qu'il a jugé trop onéreux.
(J'ai regardé la copie DVD de qualité médiocre, vendue entre 1 et 3 euros sur les marchés et en solderie, qui ne propose que la version en français. Il ne semble pas exister de meilleure édition.)
Les westerns paella les plus importants seraient, selon les connaisseurs du sous-genre, ceux des frères Romero Marchent : Joaquín Luis qui, après ses Zorro bis produits par Eurociné et scénarisés par Jesús Franco, fait uvre de précurseur en 1963 avec "El sabor de la venganza/Les 3 implacables" et en 1964 "Antes llega la murette/Sept du Texas". Il est aujourd'hui surtout renommé pour son malsain, nihiliste et violent "Condenados a vivir/Cut-Throats Nine" (1972), proche de "Le grand silence" (1968) de Sergio Corbucci, "Le temps du massacre" (1966) et "4 de l'apocalypse" (1975) de Lucio Fulci (« "Condenados a vivir" est reconnu pour être LE western européen gore. Pourtant l'intérêt de ces séquences gore est très limité
elles semblent souvent avoir été rajoutées, tels des inserts pornos qui lardent certains métrages d'exploitation des années '70. Le véritable intérêt du film se trouve dans sa situation propice à d'innombrables tensions, à une atmosphère nihiliste et apocalyptique
par moment proche de Werner Herzog. » selon Hélène Cattet et Bruno Forzani, réalisateurs de l'hommage postmoderne au giallo "Amer"), et son frère Rafael, un bon artisan (le tragique "Ocaso de un pistolero/Dans les mains du pistolero" en 1965, "¿Quién grita venganza?/I morti non si contano/Dead Men Don't Count/Les pistoleros du Nevada" en 1968 et "Garringo" en 1969. Des films qui étaient vendus en VHS à bas prix dans les supermarchés il y a une vingtaine d'années. Je n'en ai vus aucun.)
Couple, regards, positions (1983)
Expérimentation poétique abstraite tournée en studio
Réalisé par Boris Lehman avec sa compagne Nadine Wandel, juste avant son chef-d'uvre "Babel - Lettre à mes amis restés en Belgique", "Couple, regards, positions (le mariage de l'eau avec le feu)", n'évoque pas que le couple (d'une lion et d'un poisson) et son habituelle impossibilité, la solitude et la souffrance, mais aussi les rituels juifs et l'alchimie.
Tourné complètement en studio (aux Écuries de la Vénerie à Boitsfort), en 16mm noir et blanc, cette expérience poétique formelle abstraite d'une heure est un hommage au cinéma muet, à Man Ray, Jean Cocteau et Fritz Lang. L'ensemble reste mystérieux, même pour les auteurs presque trente ans plus tard.
Anjo Loiro (1973)
Modernisation réussie de "L'ange bleu" dans le Brésil urbain des seventies
Armando, enseignant quadragénaire trop exigeant en amour, tombe fou amoureux d'une élève qui le ruinera, le conduira à la déchéance.
Méconnue, cette modernisation, dans le São Paulo des seventies (et de la libération sexuelle), de "Professor Unrat oder Das Ende eines Tyrannen", roman de Heinrich Mann (frère de Thomas Mann) qui inspira le chef-d'uvre de Josef von Sternberg, est une grande réussite. La mise en scène est assez discrète, mais efficace. Le scénario, remarquable de fluidité, est juste, même s'il frôle souvent la caricature, dans ses amusantes descriptions sociologiques des classes sociales et du désir, de la possession amoureuse, des rapports de chair et d'argent. Le film est entièrement post-synchronisé et j'ai noté quelques problèmes de son qui s'expliquent sans doute par le petit budget.
"Anjo Loiro" fut censuré par la dictature militaire lors de sa cinquième semaine de projection, ce qui n'a pas empêché le réalisateur Alfredo Sternheim, qui avait été en 1964 l'un des assistants de Walter Hugo Khouri, grand cinéaste brésilien existentialiste, sur "Noite Vazia/Men and Women" (nominé à Cannes pour la Palme d'or), de se reconvertir dans le sexploitation, appelé « pornochanchada » dans le Brésil des années '70 et du début des années '80.
Mes entretiens filmés (1998)
Leçon de cinéma par un maître
À la manière de l'émission produite par Janine Bazin et André S. Labarthe « Cinéastes de notre temps », Boris Lehman propose un documentaire sur son uvre en interrogeant des amis et en illustrant les conversations par des extraits marquants de ses films. La méthode et la démarche du cinéaste, héritier de Renoir, Bresson et Tati, sont décrites oralement, mais également par la forme de l'ouvrage. Le résultat est un manifeste pour un cinéma, éloigné des compromis du commerce, qui fait confiance aux accidents, aux hasards, aux rencontres, aux rapports, à l'aventure, à la vie.
Je précise que je n'ai vu que le premier chapitre (quinze entretiens réalisés du 21 avril au 8 juillet 1995). Si j'ai parfois regretté que Boris Lehman s'attarde chez ses amis rentiers bourgeois-bohèmes pseudo-artistes sans intérêt, c'est la crème de la crème qui défile dans "Mes entretiens filmés, chapitre 1" : un lucide Jean-Marie Buchet (réalisateur en 1979 du trop rare "Mireille dans la vie des autres"), François Albera, Dominique Noguez, le génial (et hilarant) Dominique Païni, Jean-Pierre Gorin et une double dose du brillant Patrick Leboutte. Une leçon de cinéma.
Babel - lettre à mes amis restés en Belgique (1991)
"Babel" et ses suites
Je souhaite commenter "Histoire de ma vie racontée par mes photographies", suite de "Babel" montrée dix ans plus tard, mais l'IMDb ne le répertorie par encore. Donc je poste ici.
Boris Lehman s'est embourgeoisé depuis "Babel - Lettre à mes amis restés en Belgique".
Si Boris Lehman atteignait l'universel dans son uvre-jalon "Babel - Lettre à mes amis restés en Belgique" (1983-1991) parce qu'il nous parlait de nous-même par une touchante mise à nu en évoquant ses soucis financiers, problèmes relationnels, l'usure de son couple et qu'il se confrontait courageusement avec la matière (en prenant des risques radicaux, modifiant son projet au fil du très long tournage, proposant une réflexion étonnante, cohérente et profonde sur le cinéma), il déçoit dans ce volet. Il est devenu une caricature de lui-même (Fait confortablement ce que l'on attend de lui, avec une surdose de narcissisme) et le spectateur subit d'incessantes visites à ses amis rentiers pseudo-artistes qui n'ont rien d'intéressant à dire, sinon quelques lieux communs (Une élucubration sur l'architecture contemporaine est particulièrement lamentable). Cela devient le portrait complaisant d'une classe sociale précise, la bourgeoisie-bohème bruxelloise plus ou moins oisive, qui pourrait documenter les sociologues. Bien sûr, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, il reste une méditation sur le temps qui passe et les choses qui disparaissent, l'image est jolie (même si elle est cosignée par l'un des pires réalisateurs belges, le prétentieux tâcheron Jean-Marc Vervoort), il est agréable de voir défiler quelques têtes connues (Jonas Mekas, Samuel Fuller, Pip Chodorov, Patrick Leboutte, Yaël André jeune, etc.) et visiter l'ancien Musée du cinéma de Bruxelles, petit joyau d'architecture, proche du mouvement CoBrA, de Constantin Brodzki (assisté par le plasticien Corneille Hannoset), détruit en juillet 2006 par sa conservatrice Gabrielle Claes. Malheureusement, le cinéaste est beaucoup trop indulgent avec lui-même et le résultat mériterait un montage plus rigoureux, devrait être réduit au moins de moitié (La durée est de 210 minutes), pour mettre en valeur les beaux moments, comme le démontage consciencieux d'un Nikon ou la pellicule qui brûle à la fin. 7/10
L'estate di Giacomo (2011)
Documentaire détourné en fragile home movie de luxe sur l'adolescence
Le projet de départ d'Alessandro Comodin était de réaliser un documentaire sur le frère sourd d'un vieil ami qui, à la fin de l'adolescence, se fait opérer (pose d'un implant cochléaire) pour, enfin, entendre. Le cinéaste engage sa sur Stefania, que le protagoniste connaît aussi depuis longtemps, pour l'accompagner dans sa découverte des sons, sa stupéfaction des premières fois. Finalement, Comodin et/ou son monteur João Nicolau (Qui en 2003 a travaillé sur "Va et vient", le dernier João César Monteiro, et en 2009 est apparu dans l'un de mes films préférés récents "La religieuse portugaise" d'Eugène Green) décident avec audace de supprimer totalement la partie didactique concernant la surdité, les explications, pour ne conserver que les rushes les plus quotidiens, tournés pendant l'été, qui se suffisent à eux-même. Ils s'approchent alors du home movie de luxe, mais parviennent à le dépasser pour brosser un portrait de l'âge ingrat qui atteint l'universel.
Au début, je dois avouer que, malgré la jolie photographie sensuelle (C'est tourné en 16mm), je m'ennuyais poliment car le personnage est maladroit, grossier et peu sympathique, comme la plupart des garçons de son âge. Et les situations (Stefania et Giacomo se promènent dans la forêt, Stefania et Giacomo se baignent dans un lac, Stefania et Giacomo écoutent les Chemical Brothers sur le Net) peu intéressantes, débordantes d'innocence potache, aux limites de la complaisance. La prouesse du cinéaste est de, peu à peu, nous rendre le jeune homme attachant. Il y a surtout quelques moments de pure grâce (un bal en plein air, une magnifique balade en vélo) et des cadeaux imprévisibles de la vie (Stefania, déjà pleine de sagesse, définit le bonheur à Giacomo. Puis il tombe amoureux - d'une autre -, c'est réciproque, cela se voit et elle lit la lettre mélancolique qu'elle lui a écrite.)
Un grand film lumineux de simplicité. Une fragile expérimentation réussie. Léopard d'or dans la section « Cinéastes du présent » au Festival de Locarno 2011.
Nana (2011)
Cinéma aux lisières de la fiction, du documentaire et de la vie
"Nana" est un petit film par sa durée (un peu plus d'une heure) et par la simplicité de ce qu'il raconte (la vie quotidienne d'une petite fille de quatre ans dans la campagne profonde française et ses rapports avec sa mère célibataire, son grand-père agriculteur, la nature et la mort.)
"Nana" est un petit film par ses moyens. La plupart des plans sont fixes et il ne faut pas s'attendre à de majestueux mouvements de grue ou des travellings sur rail, mais la photographie est souvent magnifique (Même si j'ai assisté à la projection d'une copie DCP alors que le film, tourné en numérique, existe en 35mm) grâce au cadre et à la lumière. Le son est également très réussi ; Valérie Massadian a accompli un respectueux travail d'écoute des bruits de l'environnement. Pas de comédiens connus, mais un long et rigoureux apprivoisement des modèles. S'il n'y a pas de scénario écrit castrateur, la cinéaste a gagné le combat de la liberté et du temps, ce qui est essentiel et précieux. L'ensemble, par une alchimie mystérieuse, engendre de la poésie.
"Nana", Léopard du meilleur premier long métrage au dernier Festival de Locarno, est un grand film à la pointe de la modernité contemporaine car il fait confiance au cinéma et à la vie, ce qui est rarissime à l'heure où les scénarii filmés, de manière impersonnelle par des médiocres à la mentalité de fonctionnaire, sont subventionnés, primés et étouffent les écrans. Il y a quand même une part de fiction qui intervient subtilement dans "Nana" (Je préfère ne pas dévoiler l'argument). L'uvre de la cinéaste, qui a travaillé avec la photographe Nan Goldin, est donc à placer à côté de celles de Pedro Costa ("Dans la chambre de Vanda", 2000) influence principale de Valérie Massadian remerciée au générique, Pierre Creton ("Le voyage à Vézelay", 2005), Miguel Gomes ("Ce cher mois d'août", 2008) et Jean-Claude Rousseau ("De son appartement", 2007.)
As Amorosas (1968)
Attachante petite pépite existentialiste oubliée qui peut séduire les admirateurs de Godard, Eustache et Perec
Attachante petite pépite oubliée qui met en scène, dans une ambiance très 1968, un étudiant attardé, avide de pureté, qui refuse tous les compromis avec la mesquinerie de la vie (Il méprise une de ses conquêtes parce qu'elle se prostitue pour vivre décemment et joue dans des divertissements légers à la télévision, il semble effrayé par la petite vie de famille d'une de ses surs et ne croit pas en la politique, lui qui pourtant n'a pas le sou et est donc, quand il travaille, exploité et méprisé, malgré son intelligence supérieure à la moyenne, ce qui l'indigne), mais vit de l'argent des autres et loge provisoirement dans la maison très bourgeoise des parents absents d'un ami. Le jeune trentenaire, même si sa fragilité attire les femmes, est incapable de trouver l'amour.
Walter Hugo Khouri, grand cinéaste brésilien existentialiste, plus connu pour "Noite Vazia/Men and Women" en 1964 (Film sur la solitude, l'égoïsme et les rapports de classes, nominé à Cannes pour la Palme d'or, que j'aimerais beaucoup avoir la chance de voir) et "Amor Estranho Amor" en 1982, semble ici influencé par le Jean-Luc Godard du milieu des années '60 ("Masculin féminin" en 1966, "2 ou 3 choses que je sais d'elle" en 1967.)
J'ai pris "As Amorosas" comme un embryon un peu exotique de "La maman et la putain" de Jean Eustache (1973) ou de "Un homme qui dort" (1974) de Georges Perec et Bernard Queysanne, deux de mes films préférés. Avec la participation remarquable de l'important groupe psychédélique expérimental "Os Mutantes".
Os Cafajestes (1962)
Point de départ du Cinema Novo. Fort complexe, exigeant et choquant
Influencé par le cinéma moderne de l'époque (Nouvelle Vague, Ingmar Bergman, cinéma italien et "Shadows" de John Cassavetes), Rui Guerra, Portugais qui a étudié le cinéma à l'IDHEC (Paris), exige trop du spectateur en abusant, par exemple, du temps mort et du coq-à-l'âne.
Mon attention à la lecture des sous-titres est devenue flottante à partir de la choquante (encore aujourd'hui), longuissime et complaisante scène d'humiliation, digne d'un vulgaire produit d'exploitation (Le spectateur est transformé en voyeur par une caméra sadique), d'une jeune fille (mi-Monica Vitti, mi-Jeanne Moreau) dénudée qui se tortille langoureusement dans le sable. La progression de l'intrigue dépend essentiellement des dialogues. J'ai donc été largué.
Le récit froid et fort complexe (autour d'un père banquier en faillite, d'un oncle riche, de cousins qui s'aiment et de dangereux jeux trompeurs entre quatre jeunes gens nihilistes à la dérive) aux thématiques audacieuses (sexe, drogue, univers amoral), mais confus (Les personnages semblent mal développés), requiert un cerveau totalement disponible ou une seconde vision.
Cette uvre datée a une importante valeur historique dans le contexte du Brésil et de son Cinema Novo, dont il est le point de départ.
À noter que Rui Guerra a aussi été acteur pour Georges Rouquier ("S.O.S. Noronha" en 1957), Jean-Daniel Pollet ("Le maître du temps" en 1970), Pierre Kast ("Les soleils de l'Île de Pâques" en 1972) et Werner Herzog ("Aguirre, la colère de Dieu" la même année.)
The Man Who Loved Women (1983)
Lamentable pseudo-remake vulgaire de "L'homme qui aimait les femmes"
"L'homme à femmes" est aberrant, vulgaire, de mauvais goût et, à tous les niveaux, esthétiquement hideux. Cet ennuyeux produit standardisé pour les beaufs est l'une des pires catastrophes de l'Histoire du cinéma, avec "2010 : L'année du premier contact" (1984) de Peter Hyams, la « suite » de "2001, l'odyssée de l'espace" (1968) de Stanley Kubrick.
Blake Edwards, qui fait ici son gros lourd, aseptise lamentablement le sensible, profond et délicat "L'homme qui aimait les femmes" (1977) de François Truffaut en scabreux vaudeville de caniveau qui raconte confusément les exploits sexuels d'un pauvre type, avec amant convenu dans le placard. L'homme qui aimait les femmes devient un improbable triste dragueur caricatural.
L'art n'est plus authentique, la nature de l'amour n'est plus subtilement analysée. C'est déprimant. On ne pouvait pas faire pire que cette curiosité navrante. Fines bouches fuyez ! Après le film, le spectateur n'a qu'une envie : revoir l'original de Truffaut.